L'artiste du vendredi : Philippe Dereux - L'artiste des "épluchures"
Je n'avais jamais entendu parler de Philippe Dereux avant de lire les Chroniques de la Montagne d'Alexandre Vialatte (chroniqueur, romancier et traducteur (entre autres) de Brecht et Kafka.
L'édition intégrale de ces chroniques a été publiée dans la collection Bouquins et je ne me lasse pas de les lire et relire. Ce sont de petits bijoux d'humour, de poésie et de fantaisie débridée, très instructifs et excellents pour le moral.
Mais laissons-là l'écrivain Vialatte pour qui "l'homme est fait pour dorer les éléphants" (j'en parlerai une autre fois) et venons-en à notre Philippe Dereux (1918-2001) écrivain lui aussi, et assembleur d'épluchures, d'écorces, de petits fruits, etc..., avec lesquels il réalisait, en mode collage, tableaux et personnages.
Compagnon de Jean Dubuffet dont il fut le botaniste (il lui collectait feuilles et plantes et lui attrappait des papillons pendant ses vacances d'instituteur)), c'est en l'aidant dans ses collages que l'idée lui vint d'utiliser la matière végétale et surtout ses "peaux" pour ses créations. J'aime beaucoup ces trois-là :
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La dame au bandeau jaune
"À quelqu’un qui me posait la question « Mais voyons quelle est votre intention en collant des épluchures ? » J’ai répondu : « Mais coller des épluchures et c’est tout. » En effet, et bien que je ne veuille pas établir de hiérarchie entre les plaisirs variés que m’apportent mes travaux, la joie initiale, l’élément moteur sans lequel rien n’existerait sont le collage des épluchures. Personne ne peut savoir, à moins d’en faire l’essai lui-même, encore faut-il avoir la vocation, combien ce plaisir est varié, plein d’imprévu, combien les épluchures en se disposant en ordre fou, ordonné, souvent des deux manières à la fois, expliquent ou font tout au moins sentir des mystères, des choses difficiles, des problème philosophiques."
Philippe Dereux - Extrait du Petit Traité des épluchures
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L'idée d'un billet sur Philippe Dereux m'est venue en regardant sur les "Carnets d'une marraine", les créations réalisées pour la "Ronde des plastrons".
Plusieurs participantes ont intégré des éléments végétaux bruts dans leur composition et ces alliances inattendues sont pleines de poésie.